jeudi 11 février 2016

Françoise d'EPENOUX : Les jours areuh

3 heures du matin. Assis dans un fauteuil sous le rond de lumière d’un abat-jour, un homme de 50 ans donne le biberon à son nourrisson de 3 mois. Entre eux: un demi-siècle et 96 kilos de différence.
D’un côté un homme mûr, encore tout étourdi de cette paternité tardive. Revigoré par cette vie naissante, mais mesurant combien la sienne sera balisée désormais, et projeté brutalement dans un avenir lointain: il aura 80 ans quand cet enfant en aura 30. Confiant dans l’espoir qu’incarne ce petit être, mais terrifié aussi à l’idée de le jeter dans le bain d’un monde angoissant. Perplexe devant cette posture de papa poule, lui qui, encore célibataire quelques mois plus tôt, biberonnait à sa façon dans le monde de la nuit. Fier de cet enracinement patriarcal mais triste à l’idée de renoncer en grande partie, par cette sédentarisation même, aux voyages, à l’imprévu, à l’aventure.

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