Le premier souvenir de solitude ? Un petit garçon coiffé en brosse qui
réclame sa mère à l'accueil d'un grand magasin. Plus tard, c'est un
enfant de 10 ans qui nage seul dans la mer du nord et qui lorsqu'il se
retourne découvre la plage vide : personne ne l'a attendu. Puis c'est la
première danse refusée, la première rupture, le premier deuil, mais
c'est aussi tous ces moments choisis, voulus, espérés, goutés : seul
avec un livre, avec une musique, seul à regarder les autres, seul en
écrivant. Jean-Louis Fournier est toujours ce petit garçon, fils unique
qui rêvait d'amitiés et d'une grande famille mais qui espérait aussi
s'échapper, grandir, rester seul. Aujourd'hui dans un grand appartement,
après la mort de sa femme, de ses amis, de son éditeur, ce désir des
autres et ce besoin de solitude sont restés les mêmes et il passe de
l'un à l'autre. Avec un mélange de douceur, de tristesse et
d'espièglerie, il regarde les fenêtres toujours fermées de ses voisins
(des gens seuls comme lui ?), il observe ce monde où les hommes sont
ultra connectés et semblent n'avoir jamais été aussi seuls, il attend la
visite d'une jeune femme qui l'emmène au musée, qui le distrait, lui
apporte sa jeunesse : mais des deux qui est le plus seul ? Un livre
tendre, délicat, mélancolique parfois qui ressemble à une aquarelle de
Turner et à un dessin de Sempé.
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