C’est l’histoire d’un enfant aux yeux noirs qui flottent, et s’échappent
dans le vague, un enfant toujours allongé, aux joues douces et
rebondies, aux jambes translucides et veinées de bleu, au filet de voix
haut, aux pieds recourbés et au palais creux, un bébé éternel, un enfant
inadapté qui trace une frontière invisible entre sa famille et les
autres. C’est l’histoire de sa place dans la maison cévenole où il naît,
au milieu de la nature puissante et des montagnes protectrices ; de sa
place dans la fratrie et dans les enfances bouleversées. Celle de l’aîné
qui fusionne avec l’enfant, qui, joue contre joue, attentionné et
presque siamois, s’y attache, s’y abandonne et s’y perd. Celle de la
cadette, en qui s’implante le dégoût et la colère, le rejet de l’enfant
qui aspire la joie de ses parents et l’énergie de l’aîné. Celle du petit
dernier qui vit dans l’ombre des fantômes familiaux tout en portant la
renaissance d’un présent hors de la mémoire.
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