"Rémy et Laure partageaient le sommet de Croisse-Baulet et, si modeste
qu'il fût, il faisait pour eux de cet instant un moment inoubliable.Rémy
connaissait trop la force de cette communion pour y mêler les gestes
minuscules de l'amour. Il sentait que son désir était partagé, que cette
émotion avait la valeur d'une étreinte et que Laure, pas plus que lui,
ne pourrait l'oublier. Tout devait garder son ampleur, sa grâce. Les
petites effusions, les maladroites caresses humaines, dans ces décors de
lumière, d'espace et de vent, sont dérisoires et même insupportables.
Il fallait laisser l'esprit se mouvoir sans contraintes. Le regard était
suffisant pour exprimer l'émoi et celui de Laure parlait sans
ambiguïté.Ils retirèrent les peaux de phoque des skis, réglèrent les
fixations pour la descente et raccourcirent les bâtons. Puis, sans se
hâter, l'esprit plein d'un moment qu'il était inutile de faire durer
tant il était saturé d'infini, ils s'élancèrent dans la pente."
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